Homeworld, Warhammer 40000 : Dawn of War, Company of Heroes... Depuis une dizaine d'années, Relic Entertainment s'est imposé comme un des meilleurs développeurs de STR. Alors, quand le studio canadien nous invite dans ses locaux de Vancouver pour découvrir un nouveau projet qui promet de redéfinir le genre, l'excitation est à son comble. Surtout quand le projet s'appelle Dawn of War 2.
En effet, comment ne pas être fébrile à l'évocation de ce nom, synonyme de combats furieux entre space marines, orks, démons du chaos et autres races belliqueuses ? Avec Warhammer 40000 : Dawn of War et ses trois extensions, Relic a réussi le pari d'adapter fidèlement l'univers du jeu de plateau de Games Workshop, tout en le transcendant par son gameplay fait d'affrontements nerveux autour de points stratégiques. La série a connu un succès mérité, avec 2,5 millions d'exemplaires écoulés. Il était donc logique de capitaliser sur cette réussite en développant un second opus. Mais Dawn of War 2 n'est pas qu'une simple suite, comme nous nous en sommes rapidement rendu compte lors de cette présentation.
Celle-ci commence par une chouette cinématique introduisant brièvement la campagne solo, qui nous place aux commandes des humains luttant pour conserver une galaxie-clef. Si elle tombait entre les grosses mains vertes de la waaagh, l'Imperium risquerait de s'effondrer définitivement, la situation est donc critique. La première mission débute. Il n'y a ni base ni ressource, juste une escouades de space marines, ces guerriers d'élite lourdement armés. Lorsqu'une horde d'orks arrive, ils se mettent à l'abri derrière des éléments du décor. C'est le premier emprunt à Company of Heroes : la gestion des couvertures. CoH s'était beaucoup inspiré de Dawn of War (capture de points, réquisition...), c'est donc un juste retour des choses. Mais les orks ne sont pas si bêtes qu'on le croit et lancent des grenades pour déloger les marines. Ceux-ci subissent des pertes, mais heureusement une autre escouade arrive, armée de lance-flammes. Plus loin, des mitrailleurs lourds orks encerclent d'autres hommes, mais un dreadnought traverse une paroi pour se joindre à cette joyeuse mêlée. Le commandant humain débarque également, brandissant son épée tronçonneuse, et moissonne les peaux vertes à tours de bras dans des gerbes de sang. Les hurlements sont saisissants, la musique épique. C'est gore, brutal, jouissif. On en prend plein les yeux et les oreilles. Bref, c'est Warhammer 40000, une fois encore parfaitement retranscrit dans un jeu de stratégie qui met l'accent sur l'action et le spectacle.
Pour souffler un peu, on fait une petite pause dans le croiseur resté en orbite. C'est de là qu'on va pouvoir sélectionner la mission suivante sur une carte. Car plusieurs options s'offrent à nous. Par contre, les choix possibles expirent passé un certain temps. La sélection peut donc s'avérer cruciale et affecter la suite des événements. Les développeurs optent pour une mission d'élimination d'un chef de guerre ork. Pour la petite histoire, cette unité a été créée par un fan français dans le cadre d'un concours organisé par Relic. Ils ont tellement aimé son travail qu'ils l'ont non seulement intégré dans le jeu, mais qu'ils ont aussi embauché son auteur dans la foulée ! Ce puissant héros, avec ses capacités spéciales, est trop fort pour les marines de base. Son élimination passe donc par un duel avec le commandant humain, qui a pour l'occasion troqué son épée tronçonneuse pour un marteau tonnerre. Car l'une des nouveautés de Dawn of War 2, c'est l'évolution des soldats. Ici, ils ne gagnent pas d'expérience comme dans Company of Heroes, mais de l'équipement, au fil des objectifs accomplis. Toutes les unités peuvent en bénéficier. Armes, armures, items divers... En tout ce sont plusieurs centaines d'objets qui sont annoncés. Relic travaille évidemment en étroite relation avec Games Workshop pour intégrer respectueusement tout l'arsenal du jeu de plateau.
Les space marines peuvent demander le soutien d'un tir orbital, ça fait très mal et permet d'admirer la physique.
Il faut dire qu'avec ce jeu, ses créateurs veulent carrément redéfinir la stratégie en temps réel en apportant au genre ce qui lui manque. Et notamment, selon eux, un sentiment d'attachement du joueur envers ses troupes. Pour cela, Relic a choisi de faire de Dawn of War 2 un jeu tactique basé sur le contrôle d'une poignée de soldats, seulement 5 ou 6 escouades, que l'on suivra d'un bout à l'autre de la campagne. Chaque équipe est dirigée par un chef différent, qui possède sa propre identité : nom, histoire, visage, voix... Tout est fait pour sortir les troupes de l'habituel anonymat dans lequel les plongent la plupart des STR. Comme il n'y a pas de bâtiments de production, le joueur doit prendre soin de sa petite armée au lieu de les envoyer à la boucherie, indifférent à leur sort. Il sera cependant possible d'appeler des renforts à tout moment, qui débarqueront directement au coeur de l'action depuis le vaisseau amiral via des drop pods. Une arrivée fracassante qui donne d'ailleurs lieu à une belle explosion des corps situés sous le point de chute, laissant entrevoir un excellent moteur physique.
Il faut dire que côté technique, un sacré travail a été accompli depuis le premier volet. Dawn of War 2 bénéficie des avancées apportées par Company of Heroes, on retrouve donc un environnement en grande partie destructible. C'est impressionnant visuellement, mais ça a aussi et surtout un impact sur le gameplay. Des orks se sont mis à couvert dans un bâtiment ? Une grenade et la façade se craquelle. Une seconde et un pan entier du mur se détache. La troisième aura raison de l'abri entier. Plus tard dans cette même mission, les space marines détruisent un pont pour empêcher leurs poursuivants de passer, utilisant automatiquement leur jet-pack pour ne pas tomber. Si le moteur physique est impressionnant, le moteur graphique n'est pas en reste. Lumières dynamiques, unités parfaitement modélisées et animées, environnements détaillés... On est loin de Dawn of War premier du nom. Evidemment, tout ça risque de se payer sur la configuration requise : le jeu est optimisé pour les processeurs double coeur. C'était un problème à la sortie de Supreme Commander, mais ce type de matériel est désormais beaucoup plus abordable et répandu, et le jeu n'est de toutes manières pas attendu avant le premier trimestre 2009 (sur PC uniquement). Ca laisse le temps de changer de machine...
D'ici là, reste encore à éclaircir certains points. Si ce premier aperçu a permis de se faire une première impression (très positive) sur le jeu, il a tout de même soulevé beaucoup d'interrogations restées sans réponse. En quoi consiste cet arbre technologique dont on nous promet la présence ? Les effets météorologiques auront-ils un impact sur le gameplay, où sont-ils uniquement là pour faire joli ? De quelle façon le contrôle du terrain, symbolique de la série, sera implémenté ? Quelle longueur fera la campagne ? Et surtout, y aura-t-il d'autres factions que les orks et les space marines, comme les tyranides par exemple, au hasard ? Pas de commentaires là-dessus dans l'immédiat... Tout juste sait-on que la campagne sera jouable à plusieurs en mode coopératif. Comment ? Probablement en donnant à chaque joueur le contrôle d'une escouade, mais ce n'est là qu'une supposition. Concernant le mode multijoueur, on sait seulement que le créateur d'armée devrait faire son retour. Les informations sont donc pour l'instant assez maigres, mais le rendez-vous est d'ores et déjà pris pour en savoir davantage lors de l'E3, où plus de choses devraient être dévoilées.
Pour conclure, nous avons profité de cette visite pour tenter d'en apprendre un peu plus sur les autres projets du studio. En effet, les quelques 200 employés de Relic sont répartis dans plusieurs équipes de développement, qui travaillent sur des jeux différents. Et il ne nous a pas échappé que THQ, propriétaire du studio, a racheté la licence Homeworld à Vivendi fin 2007. On peut donc légitimement penser qu'un troisième volet de ce space opera se prépare. Interrogé à ce sujet, le lead designer de Dawn of War 2 s'amuse, prend un air innocent et fait celui qui ne comprend pas de quoi on parle. Mais quand nous demandons si nous pouvons faire un tour complet des locaux, il refuse, arguant du fait que des artworks de projets encore secrets ornent les murs de certaines salles... Alors, Homeworld 3 ? Company of Heroes 2 ? Nouvelle licence ? Les trois ? Les paris sont ouverts.